groupement forestier chaudière
Bibliothèque

Retour à la liste

Un été magnifique mais… sûrement pas pour les arbres!

Soleil sur des arbres

8 novembre 2021

Tout le monde s’accorde pour dire que certains étés, il a fait particulièrement beau. Pour nous, beau signifie du soleil avec aucune ou peu de pluie. Pour les arbres, beau signifie une température clémente, mais surtout une pluie généreuse et fréquente. Le manque de pluie cause un stress « hydrique » aux arbres. En observant le paysage, on remarque facilement que le vert des feuilles est plus pâle, que les bouleaux perdent depuis leurs feuilles jaunis, les peupliers baumiers ont les feuilles carrément flétries, etc. Le manque d’eau dans le sol est alarmant.

Que va-t-il se passer?

Cela dépend de plusieurs facteurs, dont le plus important est sans contredit le sol. La capacité du sol à conserver l’eau varie selon la texture et l’emplacement de ce dernier. Pour bien illustrer, un sol mince sur un cap ou un sol graveleux aura beaucoup plus de difficulté à conserver son eau qu’un sol argileux en bas de pente. De même, un sol avec beaucoup de matière organique s’assèchera moins rapidement qu’un sol minéral.

Prenons l’exemple de nos érablières. Lorsque le cap rocheux est près de la surface, les érables ont visiblement plus de têtes asséchées qu’à tout autre endroit. Ajoutez à cela la fierté des propriétaires à vouloir trop nettoyer c’est-à-dire, à enlever tout le bois mort qui constitue l’essentiel de la matière organique, laquelle aide à conserver l’eau du sol, et on accentue ainsi l’assèchement du sol. Il est important de remarquer aussi qu’un sol argileux asséché devient compact et dur. Il est ainsi plus difficile à l’eau de pluie de pénétrer dans ces sols. L’eau aura plutôt tendance à glisser en surface. La réhydratation de tels sols demande une plus longue période de pluie.

Le deuxième facteur important dépend de l’espèce d’arbre. Plusieurs espèces comme le bouleau, le hêtre, l’érable à sucre et la plupart des conifères, ont un système racinaire près de la surface. Lors d’une sécheresse, la nappe phréatique se retrouve donc trop basse pour les racines de ces espèces. À l’opposé, les chênes, les noyers ont des racines plus profondes et résistent ainsi mieux aux sécheresses.

Plusieurs arbres fragilisés par un autre stress (champignon, insecte) et/ou dans un sol tel que décrit plus haut, vont simplement mourir suite à des années de sécheresses. La grande majorité des arbres vont habituelle réagir en plaçant toutes leurs énergies dans les semences au détriment du reste de l’arbre. Ainsi, plusieurs essences auront une surabondance de semence et des feuilles plus petites. Cet effort peut encore aggraver le dépérissement de certains arbres surtout si une deuxième sécheresse apparait l’année suivante. Les sécheresses à répétition ont un effet cumulatif de manque d’eau dans le sol et ce dernier aura plus de difficulté à retrouver son équilibre hydrique convenable aux arbres qui l’occupent.

Ils sont quand même très beaux ces étés pour nous!

André Emery, ing. Forestier, M. Environnement