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Formation en fonctionnement de l’arbre et élagage

forestier

8 novembre 2021

1e partie : Fonctionnement de l’arbre

  • Les feuilles (rôles, sorte de feuilles, hormones de croissances)
  • Les branches (utilités, composition)
  • Le tronc (support physique, le compartimentage)
  • Les racines (lien avec le sol, étendu et rôle)
  • Généralité sur les champignons
  • Généralité sur les insectes

2e partie : L’élagage

  • Qu’est-ce que l’élagage?
  • Pourquoi élaguer?
  • Quand?
  • Comment?
  • Quelles sont les réactions de l’arbre à l’élagage?
  • Quels outils prendre?
  • Quelles sont les essences à privilégier?

Les feuilles

Les feuilles sont des usines qui synthétisent des composés organiques. Un composé organique est un assemblage d’atome principalement de carbone. On ne connaît pas tous les composés élaborés par les plantes ni le rôle joué par chacun mais, il y a sûrement des découvertes intéressantes qui nous attendent. Chaque essence élabore ses propres composés qui se répartissent habituellement dans tous les tissus de l’arbre des racines aux feuilles. On a qu’à penser à la Juglone dans les noyers, l’acide tanique dans les chênes, le taxol dans l’if, l’acide malique dans les érables, etc.

Le principal composé organique fabriqué par les plantes est le glucose. Ce composé sert à fournir de l’énergie pour les différentes activités vivantes de l’arbre en même temps que de matériel de construction. Lorsque deux molécules de glucose s’associent ensemble, ils forment de l’amidon qui servira de réserve d’énergie. Lorsque des molécules de sucre s’associent ensemble en une longue chaîne bout à bout, ils forment de la cellulose. Les arbres sont donc des gros bâtons de sucre convoités par les champignons et certains insectes.

Évidemment, plus il y a de feuilles et plus il y a de formation de cellulose et plus l’arbre a une croissance rapide ce qui n’est pas toujours souhaitable. En effet, dans certains cas, plus un arbre a une croissance rapide et plus le bois d’œuvre est instable et donc, moins recherché. Par contre, la croissance rapide est habituellement recherchée surtout pour le déroulage. On ne peut parler des feuilles sans parler des stomates, ces cellules en forme de bouche qui permettent les échanges entre l’arbre et l’air ambiant. Par les stomates circulent l’oxygène, le gaz carbonique et l’eau de transpiration produit par l’arbre. Règle générale, les stomates exposées à la lumière intense du soleil de plein jour, vont se refermer automatiquement pour éviter une trop grande perte d’eau.

On peut distinguer, souvent à l’œil, deux types de feuilles chez les feuillus. Les feuilles d’ombres et les feuilles de lumières. Les feuilles de lumières sont généralement plus petites et situées dans la couronne de l’arbre donc les plus exposées à la lumière. Les feuilles d’ombres se retrouvent au centre de l’arbre. Leurs rôles respectifs se complètent puisque les stomates des feuilles d’ombres restent ouverts en plein jour évitant la surchauffe de l’arbre. Il faut donc éviter d’éliminer les feuilles d’ombres lors d’un élagage zélé en particulier sur les arbres exposés à une chaleur intense (près des chemins ou des édifices).

Enfin, il y a des insectes et des maladies qui convoitent la belle nourriture que sont les feuilles. Il importe de comprendre que chez les feuillus, les ravages causés par les insectes et les maladies ont, en règle générale, peu d’effet sur la croissance annuelle de l’arbre et sur sa santé en générale. Un tremble par exemple, peut être complètement défolié pendant 2 ou 3 ans par la livrée des forêts et revenir indemne à l’aide de ses propres réserves. Bien entendu, lorsque l’arbre est complètement défolié, sa croissance annuelle diminue. Lorsque l’arbre n’est que partiellement défolié, l’impact sur la croissance est mineur. Chez les résineux, une agression aux feuilles a un impact plus néfaste.

Les Branches

Le rôle principale des branches est d’augmenter l’étendu du feuillage afin de maximiser l’exposition à la lumière du soleil et dominer la compétition. Dans son milieu naturel qu’est la forêt, l’arbre favorisera une croissance en hauteur pour atteindre le plus tôt possible la lumière essentielle à une croissance plus rapide. Lorsque les arbres se retrouvent dans un endroit dégagé, la croissance en hauteur n’est plus une nécessité. La formation de nombreuses grosses branches sera alors la stratégie pour obtenir une meilleure croissance.

Un arbre aura une forte dominance apicale lorsque, en terrain dégagé, il formera une tête largement dominante en hauteur (ex : résineux). À l’opposé, les essences à faible dominance apicale verra chacune de ses branches aspirer à devenir la tête de l’arbre (ex : érable, tilleul, bouleau). Malgré la présence d’une bonne dominance apicale chez certains feuillus, les branches de feuillus auront tout de même une forte tendance à entrer en compétition avec la tête. Évidemment, la formation de grosses branches n’est pas souhaitable pour augmenter la qualité du bois en usine, c’est pour cette raison qu’il convient de les enlever.

Généralement situé au bout des branches, les bourgeons contiennent les hormones de croissances qui favorisent la croissance de l’arbre. Les composés de base de ces hormones sont élaborés dans les feuilles comme il est mentionné plus haut. Il y a un gradient décroissant de concentration d’hormone du haut vers le bas c’est-à-dire, que la concentration d’hormone de croissance est plus élevée à partir des bourgeons qu’au niveau de la souche. Ainsi, lorsqu’il y a seulement des branches dans le dernier quart de l’arbre, la croissance au niveau du tronc près du sol est plus réduite parce que les hormones sont plus diluées. Par ailleurs, lorsqu’il y a des branches basses, la croissance du tronc près du sol est plus rapide pourvue que ces dites branches aient un ensoleillement adéquat. Si les branches basses sont à l’ombre, la quantité d’hormones s’en trouve réduite et la croissance se perdra dans ces branches plutôt que dans le tronc et de plus, ces branches peuvent même emprunter les hormones provenant des parties supérieures de l’arbre. Donc, lorsqu’on coupe des branches basses exposées au soleil, on réduit la vitesse de croissance en diamètre. Lorsqu’on coupe des branches basses à l’ombre, la croissance en diamètre ne changera pas et peut même s’améliorer.

À la base de la branche, il y a habituellement un renflement qu’on appelle : le cal cicatriciel. Le rôle de ce cal est de refermer le plus rapidement possible, l’ouverture laissée par une branche cassée ou coupée. Il est très important de ne jamais couper ce cal lors de travaux d’élagage car il y aura une cicatrice encore plus grande qui prendra plus de temps à cicatriser. De plus, il y a dans ce cal, tous les ingrédients qu’il faut pour accélérer la cicatrisation.

Il arrive souvent que ce renflement ne soit pas marqué. À ce moment-là, la coupe se fait perpendiculairement à la branche. Dans le cas d’une fourche aiguë, la norme recommande de couper au 45 degrés. En pratique, une partie de l’écorce près de la coupe risque de sécher par manque d’appel sève.

Les feuilles, par l’évaporation qu’elles font, aspirent la sève vers le haut. Ce phénomène se nomme « l’appel sève ». La circulation de la sève se fait uniformément autour de l’arbre. Lorsqu’on coupe trop de branches à peu près au même niveau, on risque de couper la continuité de la circulation de la sève. De même, si on coupe une branche trop importante par rapport au diamètre de l’arbre (plus du tiers du diamètre du tronc environ), l’appel de la sève pourrait être trop réduite pour assurer une circulation bien répartie de la sève autour du tronc de l’arbre. Ainsi, une partie du tronc pourrait sécher. Le même phénomène se produit si on coupe une trop grande partie d’une branche. À ce moment-là, les dégâts se limitent à la branche seulement et peut entraîner sa mort.

Il y a une plus grande concentration d’éléments actifs (Ca, N, K, etc ) dans les branches qu’au niveau du tronc. Cela s’explique aisément du fait qu’il y a une plus grande proportion de volume vivant par rapport au volume total de la branche. De plus, à l’automne peu avant la chute des feuilles, il y a une migration de minéraux et de composés organiques des feuilles vers les extrémités des branches. Il convient donc de laisser les débris de branches, à partir d’environ 3 pouces de diamètre, au sol pour en éviter l’appauvrissement. Dans un contexte où la biomasse prend de la popularité, il est important de garder cette idée à l’esprit.

Les arbres ne cicatrisent pas tous à la même vitesse. Certains cicatrisent à une vitesse surprenante (chêne, orme…) alors que d’autres cicatrisent très lentement (érable, ostryer…). D’autre part, le bois des arbres ne carient pas tous à la même vitesse. Les chênes, érables, frênes, etc, carient lentement alors que les ormes, tilleuls, bouleaux, etc, carient rapidement. Cela est important de connaître les caractéristiques de chaque essence lorsqu’on s’aventure dans l’élagage afin d’éviter que notre intervention ne tourne mal. Par exemple, nous pouvons couper une très grosse branche sur un chêne puisqu’on sait qu’il va cicatriser rapidement et carier lentement. Par contre, sur un tilleul nous devons limiter la grosseur des branches à couper pour éviter que la carie ne fasse son œuvre avant que la cicatrisation ne soit complète.

Le tronc

Le tronc sert de support physique aux branches et feuilles bien sûr mais, à la vie de l’arbre. Il est constitué presque entièrement de bois mort. En effet, à l’endroit où le tronc a disons 100 ans, il y a une seule année de vivante et 99 ans de bois mort. Il faut envisager l’arbre comme une colonie tel le corail. À chaque année, les cellules vivantes de l’arbre s’ajoutent sur les cellules mortes de l’année d’avant. Puisque l’arbre a une croissance en hauteur en même temps qu’il ajoute une croissance en diamètre, il prend donc une forme conique allongée.

Le tronc comme les branches, ont une particularité qui empêche les champignons, de carier le bois. Cette particularité se nomme « le compartimentage ». Ce système isole, confine l’évolution du champignon afin qu’il ne cause des dégâts à toute la structure de l’arbre. L’arbre ne guérit pas d’une invasion aux champignons. Il compartimente.

Lorsqu’on coupe une branche, on expose une faible partie vivante de l’arbre aux champignons primaires et une grande partie du bois mort aux champignons secondaires. La même chose se produit lorsqu’il y a une blessure au niveau du tronc. Heureusement qu’il y a des facteurs qui freinent la propagation des champignons. Dans le cas des champignons primaires, c’est souvent une question de hasard pour qu’il y ait infection d’une plaie vive de faible surface. D’abord, la dite plaie vive ne reste pas très longtemps à vif. Des cellules spécialisées isolent très rapidement (quelques jours) les cellules vivantes alors, le temps d’infection est très court diminuant ainsi les probabilités de contact. Si les arbres se trouvent à un endroit où il y a très peu de sujet infecté, il s’y trouve donc moins de spores en circulation dans l’air et cela aussi diminue les probabilités d’infections. L’absence de vent et la faible humidité de l’air est aussi défavorable à l’infection par les champignons. Si un élagage doit être fait à un endroit où il y a une forte présence de champignons, des mesures sanitaires doivent être prises comme la stérilisation des outils entre chaque coupe et éviter de faire ce travail au grand vent et à l’humidité relative élevée.

Pour ce qui est de l’exposition du bois mort, l’infection relève aussi du hasard sauf que l’exposition peut, parfois, être sur une longue durée (le temps que la blessure se referme). Donc, plus la blessure est grande, plus le bois restera exposé longtemps et plus les champignons auront la possibilité de s’installer. Lorsqu’une spore de champignon s’accroche à la blessure exposée, il doit y avoir une certaine période d’humidité adéquate du bois pour qu’elle puisse germer. Donc, si la blessure reste sèche où sèche rapidement, le champignon ne pourra pas s’étendre. Les années de grande humidité favorise l’installation des spores et accélèrent le travail des champignons.

Il ne faut jamais recouvrir une plaie ouverte sur un arbre avec du goudron ou autre enduit. Cela empêche le bois de sécher et lorsque l’enduit fendille, les spores de champignons trouvent un milieu humide favorable à leurs développements.

Revenons au compartimentage. L’étude du docteur Shigo sur ce phénomène suggère un ensemble de 4 barrières qui se forment pour empêcher la progression du champignon dans toutes les parties de l’arbre. Ces barrières n’ont pas tous la même efficacité. Par ordre d’efficacité (du moins efficace au plus efficace), les barrières 1, 2, 3 et 4 se décrive comme suit :

1 – À l’intérieur du cerne annuel, cette barrière empêche le champignon d’aller de haut en bas à l’intérieur du cerne annuel. En fait, « empêche » est un bien grand mot tellement cette barrière est peu efficace.
2 – Toujours à l’intérieur du cerne annuel, cette barrière est sensée couper la progression du champignon vers la droite ou vers la gauche. Elle est également peu efficace.
3 – Celle-ci empêche la progression du champignon de l’extérieur vers l’intérieur de l’arbre.
4 – Cette dernière est la plus efficace car elle empêche le champignon d’atteindre la partie vivante de l’arbre. C’est une paroi presque infranchissable qui se forme de l’intérieur vers l’extérieur de l’arbre.

À chaque année l’arbre laisse la possibilité de fabriquer ses barrières à l’intérieur de ses cernes annuels. Pour les parois 3 et 4, on peut les observer aisément à l’œil nu par la partie plus dense du cerne annuel.

On trouve souvent des arbres creux dont le bois à l’intérieur est carié pourtant, ces arbres sont encore bien portant. Seule l’intégrité physique de la structure en bois est altérée. On comprend très bien pourquoi lorsqu’on connaît l’efficacité de chacun des compartiments.

Prenons un exemple pour bien illustrer ces histoires de compartimentage.

Nous savons qu’un arbre pousse en forme de cône allongé. Nous savons aussi que le compartiment 4 est le plus efficace. Supposons une blessure importante à la base de l’arbre et qui est exposée à la carie. Freinée par le compartiment 4, la carie évoluera de bas en haut en suivant la forme conique naturelle de l’arbre. La carie s’arrêtera donc à une certaine hauteur du tronc sans atteindre la cime.

Le système racinaire

Les racines servent de réserve d’énergie (sucre sous forme d’amidon), d’ancrage au sol et de quête d’eau et de minéraux pour l’arbre. Nous nous attarderons sur la dernière caractéristique parce qu’elle nous concerne plus que les autres.

La santé de l’arbre est intimement liée à la santé et l’étendu du système racinaire. Plus un système racinaire est étendu et plus il a la possibilité d’aller chercher ce dont l’arbre a besoin en eau et en minéraux. La santé du système racinaire dépend de la richesse et de la texture du sol. Ces deux derniers facteurs ont un rôle aussi important l’un comme l’autre.

Le phosphore est l’élément le plus limitant pour le développement du système racinaire. Une carence en cet élément limite l’étendu des racines réduisant ainsi, la quête d’autres éléments essentiels. Lors d’une fertilisation chimique, il est donc préférable d’insister sur cet élément plus que tout autre.

Lorsqu’on parle de la texture du sol, on pense à la rétention en eau et à l’aération. Les racines sont faites de cellules vivantes et ont besoin d’air et d’eau pour effectuer les échanges avec le sol. Un sol mal aéré et/ou qui retient trop ou trop peu d’eau, ralenti et peut même supprimer le système racinaire. Ainsi, un sol argileux présente habituellement une mauvaise aération mais suffisamment d’eau. Lorsque ce type de sol est trop drainé, il peut perdre beaucoup d’eau en période de sécheresse. Il se compacte davantage et devient presque imperméable. À ce moment-là, l’eau de pluie ruisselle plus qu’elle ne pénètre le sol et ainsi,  le déficit en eau peut s’accentuer lors d’épisodes de sécheresses répétées. À l’opposé, les sols avec un bon humus présentent toutes les conditions idéales pour un bon développement du système racinaire et une bonne rétention d’eau.

Le Ph du sol est aussi un facteur limitant le développement du système racinaire et aussi de tout l’arbre pour certaines essences tel l’érable à sucre. Un sol trop acide ou trop basique, rendra certains éléments non disponibles pour l’arbre. Les sols trop basiques sont plutôt rares mais trop acide, c’est plus commun. Règle générale, les conifères tolèrent assez bien les sols acides. Il y a bien sur des limites. Il est donc rare qu’on fertilise les sols à vocation résineuse. Bien entendu, les résineux profitent assez bien des sols peu ou pas acide qu’ils finissent par s’acidifier par leurs aiguilles qui tombent au sol.

La meilleure façon de fertiliser un sol se fait à l’aide de compost et de chaux. Le compost, tout comme les feuilles qui tombent naturellement, améliore la texture du sol en même temps qu’il apporte des éléments essentiels au sol. En pratique, l’application de compost se fait très rarement du fait de la complexité à l’épandage. L’application de chaux est plus répandue, plus facile et donne des résultats très satisfaisants pendant une longue période (plus de 10 ans pour les érablières). Puisqu’il y a 2 sortes de chaux, il est nécessaire de procéder à une analyse du sol avant de chauler pour éviter d’aggraver le problème.

Lorsqu’une racine majeure meurt ou est coupée accidentellement, il y aura une discontinuité dans la circulation de la sève (ou résine). Il y a donc une section de l’arbre qui risque de se dessécher. Nous voyons donc apparaître un décollement de l’écorce et des branches inhabituellement mortes du côté de la blessure. De plus, comme les branches, les racines sectionnées peuvent se carrier d’autant plus qu’elles sont à l’humidité dans le sol.

Bon nombres de maladies proviennent d’un système racinaire mal en point à cause d’un sol inadéquat où perturbé.

Les Champignons

Il n’est pas question ici de donner un cours sur les champignons des arbres mais soulever quelques généralités qui concerne de près l’arbre.

Nous pouvons considérer, grosso modo, trois types de champignons soit, primaire, secondaire et tertiaire.

Les champignons primaires s’attaquent à la partie vivante des arbres et cause des chancres c’est-à-dire, des déformations ou altérations de la partie infectée. Les chancres eutypelléens, nectriens, hypoxiloniens, etc, en sont des exemples. Les champignons secondaires s’attaquent au bois déjà mort sous la partie vivante de l’arbre. Lorsqu’il y a une blessure relativement profonde sur l’écorce de l’arbre ou la coupe d’une branche par exemple, le bois mort est exposé et donc, sujet à être infecté par ces champignons. Les champignons tertiaires s’attaquent à d’autres champignons et/ou, à du bois déjà altéré par des champignons secondaires.

Les champignons prolifèrent aisément lorsque la température ou le site est humide. Ainsi, du bois humide et frais présente les caractéristiques idéales à la prolifération des champignons.

Les spores des champignons primaires s’installent aisément sur une plaie vive telle la cicatrice laissée par une branche fraîchement coupée. Les risques d’infections sont donc plus grands s’il y a une présence abondante d’arbre. Si en plus, les conditions de vent et d’humidité sont élevées, les risques d’infections sont d’autant plus grands. De plus, lorsqu’on élague une branche infectée, il peut y avoir une contamination directe des outils d’élagage. Ainsi, il y a risque de propagation de maladie d’un arbre à l’autre par les outils d’élagage. Il est recommandé à ce moment-là, de désinfecter les outils avec de l’alcool ou une dilution d’eau de javel coupée en deux avec de l’eau. L’eau de javel corrode l’acier des outils d’élagage c’est pourquoi l’alcool est plus indiqué.

Les champignons secondaires qui s’en prennent au bois mort, auront un accès facile sur le bois laissé à nu par une branche fraîchement coupée. C’est pourquoi il convient de couper des branches les plus petites en diamètre possible pour que la cicatrice se referme le plus rapidement possible.

Les insectes

Nous pouvons diviser les insectes en trois catégories comme les champignons. Les insectes primaires s’attaquent à la partie vivante de l’arbre. Comme nous l’avons mentionné plus haut, les insectes qui dévorent les feuilles, sont des insectes primaires et causent habituellement, très peu de dégâts à l’arbre. Par contre, les insectes primaires qui s’attaquent au tronc, sont très difficile, voir impossible à contrôler. Les pics-bois et certaines guêpes prédatrices arrivent à établir un certain contrôle sur les populations de ces insectes. Ces prédateurs d’insectes primaires seront moins présents dans une forêt aseptisée c’est-à-dire, sans chicot mort et sans variétés d’espèces d’arbres (érablière sans espèces compagnes).

Lorsqu’un arbre est fraîchement élagué, il se dégage une odeur de la plaie qui attire les insectes primaires. Si les arbres élagués se situent à un endroit où les populations d’insectes abondent, les risques d’infestation seront considérables. Il en va de même lorsque l’élagage s’effectue pendant la période de ponte des insectes à cause de leur plus grande mobilité.

2e partie : L’élagage

1 – Définition et présentation de la norme, Doc. Shigo

L’élagage regroupe un ensemble de techniques de coupe de branches sur les arbres. Ces techniques sont décrites dans les normes du Bureau de Normalisation du Québec. Ces normes sont inspiré des travaux du docteur Alex Shigo. Avant ses travaux, l’élagage s’exécutait selon les théories plus ou moins inspirées de tout un chacun. Les désastres étaient alors, monnaie courante.

Nous ne passerons pas en revue, tous les détails de la norme mais spécifiquement ce qui nous concerne de près.

2 – Comment élaguer

Ce qui nous intéresse ici c’est d’obtenir des billes de sciage ou de déroulage de grande qualité. Il s’agit donc de relever la cime de l’arbre tout en confinant les cicatrices à l’intérieur d’un diamètre de 4 pouces idéalement où de 6 pouces maximum. Dépassé ce diamètre, il restera des traces de cicatrisation très longtemps et causera une dépréciation de la qualité de la bille

Après les travaux du docteur Shigo, on s’est rendu compte que l’élagage était un travail plus délicat qu’on s’y attendait. M. Shigo a remarqué qu’en coupant le bourrelet cicatriciel (sorte de renflement à la base de l’arbre), la cicatrisation était beaucoup plus lente. Il y avait donc, dans ce bourrelet, des mécanismes physico-chimiques qui favorisent une cicatrisation rapide.

À l’opposé, si la coupe de la branche se fait trop éloignée du bourrelet, la cicatrisation sera aussi ralenti du fait qu’elle sera empêché de se fermer par la présence du reste de la branche (bougon). Donc, idéalement, la coupe de branches doit se faire le plus près possible du bourrelet sans l’endommager.

Habituellement, le bourrelet va suivre la direction de la branche. Ainsi, on coupe la branche perpendiculairement à celle-ci et, habituellement, la ligne de coupe suivra la ligne du bourrelet. Comme dans toute chose, il y a des exceptions. Il arrive que le bourrelet ne soit pas apparent. Dans ce cas, la coupe de la branche doit s’effectuer le plus près possible du tronc dans la partie supérieur de la branche et se diriger perpendiculairement au sens de la branche.

Dans le cas de doubles têtes où l’on retrouve deux « branches » presque parallèles, la norme suggère de couper l’une des branches au 45 degrés. En pratique, il est préférable d’y aller à 60 degrés car il y aura une petite région dans la partie inférieure de la branche, qui sèchera du fait qu’il y aura très peu de sève qui va y circuler. Il arrive même que 60 degrés ne soit pas suffisant mais cela se produit sur les plus grosses branches.

Idéalement, il est préférable de couper les branches qui ont moins de 2 pouces de diamètre parce que la cicatrisation laissera peu de trace. Pour les essences à croissance rapide, il arrive que l’on doive couper des branches de plus fort diamètre. Il est tout de même préférable de les couper tout en sachant qu’il y aura une possible dépréciation de la bille. Afin d’éviter ces inconvénients, il est souhaitable de suivre la croissance des arbres de près.

3 – Réaction de l’arbre à l’élagage

La norme suggère d’éviter de dépasser 25% du volume de branche lors d’un élagage. Qu’est-ce qui ce passe lorsqu’on dépasse ce seuil ? Plusieurs légendes urbaines apparaissent autour de cette situation. Mort de l’arbre, des racines, etc. Plus précisément, au delà de 25 % jusqu’à 75 %, il y a une diminution plus significative de la croissance annuelle de l’arbre pendant quelques années. Ce phénomène temporaire s’explique par une diminution du volume de feuilles mais aussi par un nombre élevé de cicatrice qui réduit les possibilités de chemin de passage de la sève.

Au dessus de 75% et selon les essences, les effets peuvent être plus sérieux et permanent. L’arbre peut stagner dans sa croissance pendant plusieurs années. Il peut être plus vulnérable aux infections de maladie et peut même mourir. À noter qu’il peut aussi s’en sortir très bien. Tout dépend de l’essence et de la vigueur de l’arbre.

Les conditions climatiques jouent aussi un rôle important sur la viabilité de l’arbre après une coupe sévère ainsi, un épisode de forte chaleur et/ou de sécheresse accélère le dépérissement d’un arbre fortement élagué. À l’opposé, des pluies abondantes peuvent ramener la santé à des arbres fortement élagués.

Enfin, comme on l’a vue plus haut, un moins grand nombre de branches diminue la quantité d’hormone de croissance ce qui ralenti la cicatrisation de l’arbre.

Un élagage idéal (à 20%), aura peu d’effet sur la croissance de l’arbre et cela en rassure plus d’un. Généralement, même à 20% de taille, il y a une légère diminution temporaire (non significative) de la croissance. Dans certains cas, la croissance peut s’accélérer. On retrouve cette dernière situation lorsqu’il y a plusieurs branches à l’ombre, qui sont donc trop peu efficace en photosynthèse pour nourrir sa propre branche. Pour leurs croissances personnelles, ces branches en demande donc plus à l’arbre qu’elles en apportent. Une partie de l’énergie de l’arbre sert donc à maintenir en vie, une branche qui agonise au lieu d’être utilisée à la croissance du tronc.

En forêt naturelle, les arbres s’élaguent d’eux-mêmes par les jeux de compétitions. La nature n’étant pas pressée, cela prend plus ou moins de temps avant de perdre les branches basses inutiles. L’élagage artificiel ne fait qu’accélérer ce processus. Une forêt naturelle mature peut avoir jusqu’à 80% de sa longueur en tronc uniquement. Les érables d’une érablière à sucre dans certaines régions présentent des fûts de 60 à 75 pieds avant d’atteindre la première branche. Cela ne veut pas dire qu’il a 6 à 8 billes de déroulage puisque les dernières branches à disparaître l’ont fait trop tardivement causant ainsi des gros nœuds indésirables.

4 – Quand élaguer?

Cette question soulève plusieurs opinions divergentes. On va essayer de démêler tout ça.

Une chose est sûre, il faut éviter d’élaguer en temps humide lorsqu’il y a une forte présence de champignon primaire dans les parages de l’arbre traité. Il faut aussi éviter d’élaguer durant la coulé de sève et par froid intense (à partir de -150C) parce que la cicatrice aura tendance à sécher au froid près de la coupe retardant ainsi le processus de cicatrisation.

À part ces contraintes, nous pouvons élaguer les arbres en tout temps. Idéalement, il est préférable d’élaguer durant la forte poussée de croissance soit en mai-juin parce que la cicatrisation sera à son plus rapide. Ainsi, une bonne partie du bois sera protégé rapidement.

Certain professionnel recommande l’automne après la chute des feuilles lorsque l’arbre est en dormance. Il n’y a pas vraiment de problème sauf que la cicatrice restera ouverte le reste de l’automne, l’hiver entier et une partie du printemps sans bouger. Elle restera donc grande ouverte un peu plus longtemps. Les arbres plus susceptibles à la carie tels les bouleaux et les tilleuls, auront une exposition plus longue de leurs bois aux champignons secondaires. Évidemment, dans les cas de petites cicatrices (moins de 2 pouces de diamètre), cela n’a pas d’impact significatif.

5 – Pourquoi élaguer

On effectue l’élagage des arbres pour des raisons de sécurité, d’esthétisme et pour augmenter sa valeur marchande. En sylviculture, nous élaguons les arbres afin d’obtenir des billes de sciage sans nœud mais encore mieux, du déroulage de grande qualité.

Prenons en exemple, l’élagage du merisier. Après 60 ans de croissance environ, nous pouvons obtenir une bille de déroulage d’environ 15 pouces (78pmp) de diamètre. Au prix actuel du déroulage soit $ 1 800/pmp nous obtenons :

78 pmp/bille  X  $ 1 800/pmp = $ 140. /bille de 8 pieds                                                         

Pour comparer, reprenons les mêmes volumes mais avec une valeur pour le sciage à environ $ 650/mpmp:

78 pmp   X  $ 650/mpmp = $ 51. /bille de 8 pieds à 60 ans.

Pour la bois de chauffage à 160/corde  :

78 pmp  = .18 cordes  X  $ 160/cordes = $ 29. /bille de 8 pieds à 60 ans.

En ce moment, le coût de deux élagages sur le même arbre s’élève à environ $ 3.00/tiges. En plaçant cet argent à 3% d’intérêt sur 50 ans (parce qu’on n’élague pas avant la 10e  année) nous obtenons la valeur de cet investissement par bille après 60 ans de :

Vn  =  Vo   X  ( 1 + i )n

Vn = Valeur future
Vo = Coût actuel
n = nombre d’année
i  = intérêt

Vn  = $ 3.00  X  (1 + ,03)80  =  $ 32.00

Ainsi, notre investissement de $ 13 nous rapporte $ 76 (140 – 51 – 13 = 76) de plus que le sciage et $ 98 de plus que le bois de chauffage à chaque bille. Avec 200 billes/ ha, le revenu devient significatif. Pour les plus zélés, il est possible d’élaguer deux billes de déroulage par arbre.

À noter que la mise en marché des arbres élagués ne profitera pas à l’élagueur.

6 – Quels sont les essences à privilégiées?

Si on se limite au temps présent et qu’on regarde ce qui est le plus payant dans la vente du bois brut sur le marché, on s’arrête au merisier et à l’érable à sucre pour le déroulage. Au prix actuel, il est possible et même intéressant d’investir dans l’élagage de ces deux  essences par contre, qui nous dit que dans 60 ans, ces essences seront encore recherchées à un prix aussi intéressant? Avec une pareille incertitude, doit-on laisser tomber ce genre d’investissement? La valeur qu’on donne à bien des essences d’arbre avec ce traitement, trouvera toujours preneur d’une façon ou d’une autre.

Faire l’élagage des épinettes n’ajoute rien à la valeur du bois pour l’instant et bien malin qui pourra prédire la valeur future. Une chose est certaine, des arbres au long fût droit et sans nœud suscitera toujours un intérêt chez les industriels et/ou artisans. Il est certainement évident de privilégier le bouleau jaune, l’érable à sucre, le cerisier tardif, le chêne et même le peuplier hybride ainsi que le cèdre.

Quels outils?

Le sécateur à main et la scie à émonder manuelle sont les outils de prédilections pour un élagage efficace. Ces outils permettent des coupes nettes sans déchirures et précises.

En deuxième lieu, le sécateur à perche pourrait-être utilisé mais on perd déjà en précision. Enfin, la scie mécanique ordinaire ou à perche doivent être utilisé en dernier recours à cause des déchirures des coupes et des risques de blessure à l’écorce des arbres par des fausses manœuvres plus fréquentes. De plus, lorsqu’on est rendu à utiliser ces engins, c’est que les branches sont très probablement trop grosses et donc, il se trouvera des cicatrices trop longues à fermer. Il prendra ainsi, plus de temps avant de produire du bois de qualité.

Les sécateurs à main et scie à émonder felco ou gomtaro sont des outils de grande qualité. On peut s ‘en procurer dans certaines pépinières. D’autres outils d’assez bonne qualité qu’on retrouve chez Landry Équipement à Montréal, peuvent très bien faire l’affaire. Fait à noter, toutes les scies à émonder sont extrêmement tranchantes, mais se désaffûtent rapidement. Bien que les prix soient élevés, il ne faut pas hésiter à changer la scie pour maintenir une coupe nette avec moins d’effort.